Les couleurs du blason sont les suivantes : rouge, bleu, noir, blanc et jaune. Le blason représente la Ville de La Possession, caractérisée par son côté historique et moderne. Les emblèmes choisis sont les suivants : deux poissons, un dodo, deux haches. En fait, les poissons indiquent la volonté affirmée de la ville d’être tournée vers la mer et la pêche, le dodo symbolise le littoral et l’importance du patrimoine Possessionnais. Les haches pour les armes de Mahé de Labourdonnais et les cinq goélettes représentent la prise de possession d’antan.

La définition héraldique du blason est la suivante : «De gueules au dodo d’argent, eu chef cousu d’azur, à deux haches en pal adossées d’or».

C’est le conseil Municipal qui a choisi les emblèmes du logo. Il a été créé en 1971.

La Possession, la première à se vouloir du Roy,
Anse bénie des dieux pour flûtes, goélettes et galions...
Patrie en ce temps lontan des fleurs, des fruits, des oiseaux, des tortues,
Oasis inattendue et providentielle sur la Route des Indes...
Singulière escale jadis qui se voulait aussi châtiment,

Salutaire séjour en définitive, rarement chéri à ce point
Et douce souvenance au cœur attendri des mutins...
Sentinelle aujourd’hui, d’un Ouest balnéaire,
Sage sourire en silence aux portes de Mafate...
Ilot de calme et d’équilibre aux lèvres d’une île,
Ouverte à jamais au Millénaire nouveau,
Nouée au cœur, unie toujours et fraternelle...
Alain CANCEMI

La Possession du Roy, les prémices...

Novembre 1649 - Novembre 2000… Milieu du XVIIè siècle – Fin du 2è Millénaire de l’Ère Chrétienne…

Entre les deux, 351 ans. L’âge, momentané, de La Possession, baptisée d’abord en ce temps lontan « Possession du Roy », en l’honneur du Roi de France. Une naissance royale pourrait-on dire, et même doublement, si l’on considère que ce XVIIe siècle, en France, fut véritablement celui de l’excellence, du bon goût, des Lettres et des Beaux-Arts, et des armes aussi, faisant alors de ce pays le premier d’Europe.

C’est bien entendu le siècle de Louis XIV, le triomphe de la monarchie absolue mais aussi du Classicisme, triomphe des plus grands ministres et de quelques-uns des génies littéraires et artistiques les plus distingués. À la mort d’Henri IV en 1610 se succèdent la régence de Marie de Médicis, puis le règne de Louis XIII et la domination lucide mais intransigeante de Richelieu, puis la régence d’Anne d’Autriche et le pouvoir de Mazarin, à la diplomatie insinuante, et puis l’interminable règne personnel d’un Roi Soleil surprenant, légataire en prime d’un insolite droit divin…

Ce XVIIe siècle c’est encore Colbert, Vauban, Le Nôtre, Le Tellier, Condé et Turenne, et la gloire de Mme de Sévigné, Mme de La Fayette, Bossuet, Descartes, La Fontaine, Molière, Racine, Boileau, La Bruyère, Fénelon, La Rochefoucauld, Malherbe, Saint-Simon… D’être aussi brillant, il ne pouvait qu’annoncer le siècle suivant, celui des Lumières…

La prise de possession de l’île

C’est dans un contexte commercial très soutenu de la route des épices, engagée dès 1510 par les Occidentaux (Portugais, Hollandais, Britanniques, Français), via entre autres la légendaire Compagnie française des Indes Orientales (fondée par Colbert, en 1664), que l’Île est découverte par le Capitaine au long cours Roger Le Bourg.

C’est lui qui prend ainsi officiellement « possession » de l’île (qui devient l’Ile Bourbon), sur ordre du Commandant de Fort-Dauphin à Madagascar, Étienne de Flacourt. « Le Saint-Laurent », ainsi se nomme le navire (Flûte ou Galion) qui fait relâche en cette fin d’année 1649 dans la baie de ce quartier providentiel qui aura vu pourtant, quelques années auparavant deux autres débarquements français : le premier en 1638 (1640 selon les sources), sous l’autorité de Salomon Goubert (fils du capitaine de la flûte l’Alexis, qui serait venu apposer les armes du Roy de France sur un arbre de l’endroit), le second en 1642, à la demande de Monsieur de Pronis, Gouverneur de la Grande Île malgache…

Cette région est alors entièrement couverte de forêt. On ne pouvait ni s’y installer, ni même y chasser, car elle resta longtemps “Possession du Roy”. C’est donc de là que la Ville tire son nom.

Les premiers habitants, des « indésirables » et des mutins de la colonie malgache qui ont été débarqués, savourent l’atmosphère de ces rivages vierges en s’enfonçant du côté de l’ouest.

La colonisation, de 1675 à 1831

De Juin 1675 à Novembre 1676, le premier à séjourner dans ce lieu « La Possession du Roy », pas très bien définie du reste, est le sieur Jean Marquet dont une ravine bien connue porte toujours le nom. Quant aux toutes premières et réelles concessions, elles datent de la fin du XVIIè siècle, en l’an 1699. L’histoire retient ici bien sûr le nom de Manuel Texer de Mota (ou Texeira da Motta, dont le nom est rapidement francisé en Técher), portugais des Indes, sans doute le premier hôtelier-restaurateur de La Réunion « en bord de mer », avec sa femme, leurs cinq filles et cinq fils…

Il obtint en effet, dès le 8 Février 1699, la concession de terres allant de la Ravine à Marquet à la Ravine à Malheur, ainsi que les hauts… Sa maison était éloignée de 10 km à la ronde de toute autre habitation. Sur le chemin de l’aller, ou sur celui du retour, en pirogue vers Saint-Denis, ou en charrette vers Saint-Paul, il était de bon ton de faire halte chez « l’ami Técher », créateur également d’un service de messageries.

Vers 1797, du côté de la Rivière des Galets, une concession avait été faite au Dr Rivière. Celui-ci mit ses terres en valeur en utilisant les eaux de la Rivière, construisant le premier canal de l’île, celui de la ravine à Marquet. L’endroit devint réputé pour ses fruits : raisin de muscat, oranges, tabac et surtout son café. A l’époque de la canne, une usine fut installée chez Rivière.

Jusqu’à la création du chemin de fer, un service de chaloupes assurait le transport vers Saint-Denis et était installé à l’embouchure de la Ravine des Lataniers.

Après la construction du chemin de fer, La Possession resta une halte appréciée pour la qualité de ses cultures agricoles.

Le village s’était bâti autour de l’usine de Pontlevoye qui, après avoir été une usine à cannes, devint une distillerie d’ylang ylang au début du 20eme siècle.

Mais l’histoire retient également les noms de Pierre Folio, acquéreur successivement de six propriétés, dont une au Dos d’Âne, ou d’Antoine Cadet, acheteur de la Pointe des Galets. Quelques autres les rejoindront, un petit groupe d’habitations sort peu à peu de cet éclat de France, un village prend corps autour d’une vingtaine de cases et d’environ quarante habitants…

La Possession se singularise en ce temps lointain par la qualité de son café, de ses mangues et ses jujubes, on y cultive du blé, du riz, du mil, des cannes, des patates et des légumes, on y élève volailles, boeufs, cochons et même chevaux… Nous sommes alors en 1831.

Développement urbain de la ville, de 1831 à 1890

C’est au cours de cette année-là, en Mai 1831, que s’amorce l’idée ou plutôt le désir des désormais « Possessionnais » d’être détachés du quartier de Saint-Paul devenu entre-temps Chef-lieu de Bourbon… Mais le Conseil Municipal n’accède pas à cette demande, considérant les ressources agricoles de La Possession insuffisantes, regrettant du même coup l’absence d’église, de mairie, de cimetière !

Une chapelle fut donc construite dès 1833, remplacée par une église, détruite lors d’un cyclone et rebâtie. La roue tourne cependant. En Novembre 1834, la petite cité accède tout de même au statut de « section particulière », avec pour limites géographiques la Rivière des Galets d’un côté, la Grande Chaloupe de l’autre, valables encore aujourd’hui. Un modeste local y est aménagé, jouant les mairies annexes… un peu oubliées et pitoyables pourtant !

Qu’à cela ne tienne, le village continue de prospérer malgré l’indifférence établie. En 1870 on continue d’y bien vivre mais on y peut aussi dorénavant mourir tranquille (il y a un cimetière), on y peut prier (il y a une église), on y peut apprendre (grâce à une école de frères et une école de soeurs), on y peut dormir en paix (gendarmerie et police veillent), on y peut travailler (sucreries, minoteries, boulangeries, batelage, agriculture, élevage…). Les eaux sulfureuses de Mafate font parler d’elles - depuis 1854 en réalité, à des fins médicales depuis 1862 -, un lazaret se construit à la Grande Chaloupe tandis que l’inauguration du Chemin de fer a lieu en 1882…

La population réitère alors légitimement sa demande de détachement de Saint-Paul. Toujours sans grand succès. En 1882 pourtant, décision est prise d’enquêter enfin sur les capacités authentiques de ce quartier aux idées fixes ! Intention louable, certes, qui n’empêchera pas d’attendre encore huit longues années, jusqu’au 14 Août 1890, date à laquelle une Loi soudaine, appliquée le 29 Septembre suivant, fait de la section de la Possession une Commune à part entière. La population compte à ce moment-là plus de six mille âmes, lesquelles connaîtront aussitôt, en Octobre de cette même année qui se veut tout de même historique, les premières élections municipales. Le candidat Louis-Victor Louvart de Pontlevoy, ex-Président du Conseil Général et Président en exercice de la Chambre d’Agriculture, grand propriétaire terrien à la tête d’une sucrerie et d’une distillerie, est élu 1er Maire de La Possession le 31 Octobre 1890 mais décède le 16 Avril 1891.

Par la suite, c’est la Commune du Port qui se détachera en 1895 de celle de la Possession.

Louis Victor Louvart de Pontlevoye,
Né le 11 septembre 1824 à Saint-Denis (Seine), décédé le 16 avril 1891 à Saint-Denis (La Réunion).
Maire de Sainte-Rose de 1871 à 1877.
Elu Maire de La Possession le 31 octobre 1890.
Photo : collection Gilles Louvart de Pontlevoye

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